Le dimanche 5 juin, en plein après-midi, Émile Parfait Simb a été arrêté pour quelques heures avant d’être relâché dans des conditions floues. Accompagné par un magistrat jusqu’au dernier contrôle de police, il a pris un vol en direction de Bangui, espérant ainsi échapper aux poursuites qui s’accumulent contre lui au Cameroun et à l’étranger. Sa destination finale semble être la Russie, où il espère souffler le temps que les tempêtes judiciaires orchestrées par le trio Sabine Ntsama au Canada, Dominique Fousse au Cameroun et Rodrigue Soffo à l’international s’apaisent. Depuis lors, Émile Parfait Simb n’a plus remis les pieds au Cameroun, étant recherché par la justice dans le cadre de trois procédures, dont celle pour blanchiment d’argent. Étonnamment, aucune de ces procédures n’a progressé depuis son départ.
L’histoire d’Émile Parfait Simb est celle d’un individu sous le coup d’un mandat d’arrêt qui a été arrêté, mais qui a réussi à s’évader. Une question persiste : qui a protégé Émile Parfait Simb ? Pour trouver un début de réponse, il faut plonger dans une affaire qui pourrait sembler banale.
Un certain Morgan Palmer, employé de la chaîne GLOBAL TV à Douala et proche d’Émile Parfait Simb, entre en conflit avec son patron. Il proteste contre des arriérés de salaires et d’autres questions financières. Des gendarmes, agissant sur les ordres de Simb, se rendent chez lui, le violentent, saisissent ses biens personnels, et l’expulsent de l’appartement qu’il occupait dans un immeuble appartenant à Émile Parfait Simb.
Morgan Palmer mobilise également son réseau et dépose une plainte à la police judiciaire de Douala contre Émile Parfait Simb. Cependant, lorsqu’il se trouve à la police judiciaire, des gendarmes font irruption pour l’arrêter, prétendant que les instructions viennent du SED à Yaoundé. Cette confusion totale interpelle : comment des gendarmes peuvent-ils enlever un plaignant détenu par des policiers, sans mandat, uniquement sur la base de « instructions » ?
Les éléments de la police judiciaire de Douala contactent leur hiérarchie, déclenchant ainsi une série d’événements. Une décision est prise pour transférer Morgan Palmer à Yaoundé, sous la protection des policiers. Cependant, Morgan Palmer affirme qu’Émile Parfait Simb déploierait tous ses moyens pour le faire arrêter, ce qui le pousse à quitter clandestinement le Cameroun. Avant de partir, il livre deux noms de personnes supposément protégeant Émile Parfait Simb au sein de la présidence de la République : Ferdinand Ngoh Ngoh, alias « l’homme à la punk », Secrétaire Général de la Présidence de la République, et Ayem Mauger, le Conseiller aux affaires économiques au Secrétariat Général de la Présidence de la République, qui serait également le bras droit de Ferdinand Ngoh Ngoh.
Cependant, un nouveau développement surprenant survient la semaine dernière. Ferdinand Ngoh Ngoh adresse un courrier au directeur de la police judiciaire de Douala, demandant des informations sur la procédure initiée par Palmer pour abus de confiance et rétention sans droit de la chose d’autrui. Cette intrusion de la présidence dans une affaire judiciaire locale soulève de nombreuses questions. Pourquoi le Secrétaire Général de la Présidence de la République s’implique-t-il dans une telle procédure ? Pourquoi ce courrier n’est-il pas adressé au Délégué Général à la Sûreté Nationale ou au Ministre de la Justice, Laurent Esso ?
Cette affaire a rapidement atteint Yaoundé, suscitant des doutes sur les complicités présumées au sein de la présidence de la République dans les opérations de blanchiment d’argent d’Émile Parfait Simb. Martin Mbarga Nguele, le Délégué Général à la Sûreté Nationale, a demandé un rapport complet sur l’affaire. Les révélations de Morgan Palmer ont ouvert une boîte de Pandore, révélant des liens troublants entre certains hauts responsables gouvernementaux et des individus recherchés par la justice. L’enquête continue, et la lumière devra être faite sur cette affaire complexe aux ramifications politiques.