Maison du parti Rdpc de Nkomkana dans la commune de Yaoundé 2, département du Mfoundi, région du Centre-Cameroun. Il est environ 10 heures le 10 novembre courant. C’est dans cette pièce unique qui fait à peine 200 m² que des survivants de l’hécatombe de Mbankolo survenue le 8 octobre dernier, ont été déversés. La promiscuité est la chose la mieux partagée. Ils partagent en commun ; salon, chambre et toilettes. Des curieux qui passent par-là pensent comme ce journaliste qui déclare que « l’ambiance qui y prévaut est similaire à une scène mortuaire ». Dans les faits, c’est « invivable ».
Paul Biya
Dans la cour, des sinistrés visiblement tristes, sont assis sur les escaliers ; la tête pendant d’un côté et soutenue par une main posée sur la joue. Ils évitent d’être dans le champ des caméras et des appareils photos. A l’intérieur de la maison, l’agent de nettoyage, le nommé Alex, s’emploie à balayer partout. Des jeunes jouent sur un smartphone, sous le regard admiratif des enfants agglutinés autour d’eux. Ces tout-petits qui couraient dans tous les sens, ont trouvé mieux pour les divertir que leurs ballons dégonflés qu’ils laissent trainer dans la salle. Certains parents couverts de draps, sont encore allongés sur des matelas étalés à même-le-sol.
D’autres regardent le petit écran fixé au mur à côté de la photo géante du chef de l’Etat, Paul Biya. Malgré des portes ouvertes, certains utilisent l’éventail contre la chaleur qui dicte sa loi. Seuls deux ventilateurs sur cinq accrochés au plafond tournent en plein régime. L’insuffisance de la lumière du jour est palliée par quatre ampoules qui brillent sans interruption.
Yannick Martial Ayissi Eloundou
Les sinistrés viennent de prendre le petit-déjeuner. Sur la table au fond de la salle, l’on peut encore voir des tasses vides entassées, des boites de lait, le reste du pain, une marmite géante et une bouteille à gaz à côté d’une plaque. Le directeur de la maison du parti, Paulin Yankam, par ailleurs conseiller municipal de la commune de Yaoundé 2, renseigne que c’est le maire qui offre depuis plus d’un mois deux repas par jour aux sinistrés et ce de ses propres poches. « Ce n’est pas facile », reconnait-il.
D’après des sources concordantes, le maire, Yannick Martial Ayissi Eloundou, avait proposé au pouvoir public de disposer d’une somme de 50 000 Fcfa maximum à chaque famille de victime, afin qu’elle puisse se trouver un logement durant la période de six mois. Le directeur de la maison du parti confirme que cette proposition du maire a été validée par le gouvernement. Pour l’illustrer, il déclare que depuis le 8 novembre, des opérations de sensibilisation ont commencé. Ajoute que certains sont déjà allés chercher des maisons mises en location. Une démarche que nombre de victimes trouvent difficile connaissant les tracasseries des agents immobiliers et même la rareté des maisons à louer. D’aucuns pensent que la solution en pareille situation incombe aux autorités.
Cette patate chaude encore dans la gorge du maire Ayissi, ne finit pas de hanter la mémoire de ses populations. Plusieurs conseillers pensent qu’en perspective, une délibération sur la gestion de telles catastrophes pourra faire l’objet d’un examen et d’un vote au cours du conseil municipal de décembre prochain. En attendant, les sinistrés de Mbankolo bravent des chocs psychologiques et font face à de multiples contingences. Ces familles originaires de plusieurs régions du Cameroun sont obligées de vivre sous un même toit, avec des disparités culturelles et des comportements différents. Une victime se résout à dire « c’est trop dur. On fait avec. On n’a pas d’autres choix », quand l’autre fulmine ; « je n’avais jamais rêvé que ma vie prendrait un tel revers ».